Portrait - Shin Yamamoto
“ Le système de vote américain n’est pas adapté à la démocratie”
Parmi les 30 000 américains expatriés à Grenoble, pour leurs études ou leur travail, il y a Shin Yamamoto. Ce jeune américain de 22 ans a récemment quitté les palmiers et le soleil ardent de Los Angeles pour venir pratiquer le Hockey sur roller à Grenoble, “deuxième plus grande ville américaine de France”.
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“Quand les résultats sont tombés, il devait être deux heures du matin en France. J’ai été informé par mes amis sur Facebook, j’étais très choqué. Je ne pensais pas qu’il allait gagner” avoue le jeune homme. C’est par procuration que Shin a voté aux élections présidentielles américaines depuis la France, son pays d'accueil pour quelques mois. En tant qu’américain d’origine nipponne, c’est naturellement que Shin et sa famille ont voté pour la candidate Clinton : “ Nous sommes une famille de la classe moyenne, qui plus est, considéré comme des immigrants, nous ne pouvions donc pas voter Trump”. Si le vote est partagé uniformément dans son entourage, “environ 50% Clinton, 50% Trump”, la victoire du candidat Républicain symbolise une amérique divisée, où le clivage riche-pauvre ne cesse de s’accentuer : “ La majorité de mes amis ayant voté pour Trump sont riches. Les autres sont issus de minorités ou de classe sociale moins élevée. C’est un peu l’image que renvoie l’Amérique à présent”. Dernière ligne droite avant l’investiture. C’est le 20 janvier, date de la cérémonie d’investiture, que Donald Trump deviendra officiellement le 45ème président des Etats-Unis. Pour l’instant, Shin se résigne à attendre les actes du candidat républicain aux milles et unes promesses : “ Bien sûr que je suis effrayé. Mais à présent nous devons attendre qu’il prenne officiellement la présidence. J’étais très pessimiste au début, maintenant je suis plus dans l’attente de savoir ce qu’il va se passer.” Mais pour le jeune joueur de Hockey, le problème réside dans le modèle électorale américain : “ Je pense que le système de vote n’est pas adapté à la démocratie”. A la différence de la France, les américains votent indirectement pour leur candidat, par le biais d’un “collège électorale” de “grands électeurs” dans chaque état du pays. Un modèle complexe qui n’a pas empêché la victoire du candidat républicain malgré les deux millions de votes en faveur d’Hillary Clinton. Pour Shin Yamamoto, la règle américaine du “winner takes all” est “ difficile à réformer puisqu’elle représente le fondement de l’Amérique”. Un gouvernement opaque. Le plan du futur gouvernement de Donald Trump, actuellement composé de personnalités controversées comme Myron Ebell, climato-sceptique ou Tom Price, opposant au système de santé “Obamacare”, laisse l’amérique dans une salle d’attente aux portes fermées, sans réponses. “ Je défend la cause écologique mais aussi celle des droits des femmes, cela me fait vraiment peur qu’il choisisse des personnes aussi conservatrices dans le gouvernement. J’ai peur que ses choix affecte nos problèmes sociétaux et que nous régressions.” Bien que la discrimination et le racisme soient depuis toujours présent dans le pays, le jeune homme s'inquiète des retombées sociales de la victoire de Trump : “J’ai des amis professeurs qui me disent que leurs élèves, d’origine étrangère, vivent dans la peur d’être déporté à cause de la politique de Donald Trump. Ca va vraiment loin.” Le jeune homme troquera bientôt les montagnes grenobloises pour le soleil californien, il rentrera en Amérique la semaine prochaine : “ Je suis très impatient de pouvoir discuter avec mes amis des élections car je suis parti juste avant le premier débat présidentiel.” Comme on dit aux Etats-Unis : “just wait and see” (il ne reste plus qu’à attendre). Texte et photo : Caroline Gardin VICTOIRE DE DONALD TRUMP -
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"JE N’AI PAS CONFIANCE en LES PERSONNES QUE TRUMP EST EN TRAIN DE CHOISIR. JE SUIS GAY ET SA POLITIQUE ANTI-LGBT ME FAIT VRAIMENT PEUR." JONATHAN, 20 ANS, CONNECTICTUT." |
J’AIME MON PAYS ET JE CROIS QUE NOUS AVONS FAIT DE BONNES CHOSES MAIS TRUMP VEUT REVENIR À UNE ÉPOQUE TOTALEMENT RÉGRESSIVE." |
Catherine et Jonathan, dessiné par le "Bouletmaton", générateur d'avatar de l'artiste Boulet.
Q°1 : Quelle a été votre première réaction en tant que citoyen américain lors de la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles ?
CATHERINE W. 21 ans, Colorado : Je n’ai pas été vraiment surprise mais les résultats m’ont vraiment déçue. J’ai pleuré toute la journée, j’étais très émotive. JONATHAN H. 20 ans, Connecticut : J'étais triste, perplexe, fâché. J'avais honte pour mon pays. Lorsque les résultats sont tombés j’ai pleuré en plein cours à l’université. Q°2 : Donald Trump est en ce moment-même en train de choisir les membres de son gouvernement. Certains de ces futurs membres sont très controversés (climatosceptique, anti-IVG, opposant à l’ “Obamacare”...), cette nouvelle administration vous effraie t elle ? CATHERINE :J’ai peur que le Sénat et le Congrès, tous deux républicains, fassent basculer la Cour suprême beaucoup plus à droite. Je reste néanmoins confiante du côté des démocrates et des républicains plus modérés. JONATHAN : Oui. Je n’ai pas confiance dans les personnes que Trump est en train de choisir. Je suis gay et sa politique anti-LGBT me fait vraiment peur. Il va gâcher tout le progrès que notre pays a fait avec Obama. Q°3 : Pensez-vous que Donald Trump peut vraiment rendre l’Amérique “great again” ? CATHERINE : Non pas du tout. Il parle toujours de l’époque où notre pays était “great,” mais de quand parle t il ? D'avant la guerre civile ? Ou d’aujourd’hui, alors que beaucoup de minorités sont encore opprimées ? J’aime mon pays et je crois que nous avons fait des bonnes choses mais Trump veut revenir à une époque totalement régressive. JONATHAN : Je pense que les Etats-Unis n'ont jamais cessé d'être "great." Je pense plutôt que Trump va réaliser l'inverse de ses promesses. |